… apprenez à reconnaître les 7 nains et à les convaincre !
Dès que vous vous exprimez en public, vous vous retrouvez face à des simplets, des dormeurs ou des grincheux.
Chacun des 7 petits amis de Blanche-Neige représente notamment un profil bien spécifique des interlocuteurs susceptibles de vous faire face lors de vos présentations orales. Pour réussir vos prises de parole en public jusqu’au terme, c’est-à-dire jusqu’au fameux jeu de question/réponse, il vous faudra identifier ces différents profils et interagir avec justesse et esprit d’à-propos, selon celui qui se présentera à vous
Cette typologie est basée sur une démarche et une méthode spécifique de Personnalité.
Soyez bienveillant avec les simplets
Les Simplets : ils posent des questions hors-sujet. Ils posent des questions auxquelles vous venez de répondre. Ils ne comprennent pas ce qui vous paraît évident. Ils peuvent donc vous agacer, vous donnant l’impression qu’ils ralentissent la bonne marche de votre présentation.
Accueillez-les pourtant avec bienveillance et même gratitude parce que très souvent ils posent les questions que beaucoup aimeraient poser. Ils permettent de revenir avec plus de pédagogie sur les évidences toujours dangereuses en communication. Ils seront un magnifique prétexte pour répéter et bastonner votre message. Bref, pour parodier Michel Audiard, les simplets, « ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ! ».
Le plus grand péril avec les simplets est que personne dans la salle ne veut se voir décerner ce bonnet : cette hantise du ridicule crée des armées de timides nettement plus problématiques pour l’efficacité de vos communications.
Tendez la main aux timides
Les Timides : ils ont du mal à s’exprimer pour deux raisons principales. Soit parce que le sujet les intimide et qu’ils ne se sentent pas totalement légitimes d’intervenir, au risque de passer pour des béotiens. Soit parce que l’idée même de devoir s’exprimer en public les terrifie.
Dans les deux cas, leur salut viendra de votre comportement. Faites preuve de bienveillance et d’empathie. Ne parlez pas pour les épater ! Parlez pour qu’ils acceptent, pour qu’ils comprennent. Ne jugez jamais les interventions avec des réflexes de la communication à la papa du type : « très bonne question, je vous remercie de l’avoir posée » ou alors, « c’est une question très intéressante », ou pire « ah voilà une excellente question !». La seule chose que les timides entendront c’est qu’il faut avoir quelque chose de très malin à dire pour avoir le droit à l’expression.
Il sera également de votre ressort de pacifier le pont de communication qui vous relie à la salle par des preuves de bienveillance et des volontés clairement exprimées d’échanger. Regarder les, souriez leur, tendez leur la main au sens propre et rebondissez sur leurs manifestations corporelles et émotionnelles.
Susan Cain, auteur du best-seller « La force des discrets » explique dans son livre que les introvertis, les Timides de notre typologie sont plus orientés vers leur monde intérieur. Elle évoque notamment les multiples qualités que possèdent les introvertis leurs permettant de se connecter plus facilement sur le plan émotionnel à leur public.
Méfiez-vous des joyeux
Les Joyeux : ils représentent le public idéal, celui que tout le monde voit dans ses rêves de triomphe oratoire. Ils me suivent ! Ils sont convaincus ! Ils m’aiment ! Ils vous regardent en hochant la tête, ils vous écoutent en vous souriant, ils rient à vos blagues et applaudissent à vos effets de manche.
Quand votre regard croise le leur c’est le coup de foudre assuré, c’est rassurant, c’est motivant… c’est dangereux ! Attention à l’effet addictif de ces shoots de confiance en soi. Méfiez-vous de ne pas être complètement hypnotisé par quelques joyeux drilles dans la salle, au risque de rentrer en conversation avec eux et ainsi d’exclure les autres : les Grincheux, les Profs, les Atchoums… en fait, ceux qui ont certainement encore plus besoin de vous. Les Joyeux sont convaincus, les autres restent à convaincre.
En revanche, rien ne vous empêche régulièrement de faire des arrêts au stand des joyeux pour refaire le plein d’énergie positive afin de retourner affronter les plus terrifiants de la salle
Surprenez les dormeurs
Les Dormeurs : ils vous humilient ! « COMMENT … il dort pendant MA présentation ! ». C’est effectivement très vexant ce gap entre votre investissement émotionnel, votre charge de travail, tous ces efforts oratoires et leur pococurantisme décomplexé. Vous vous retrouvez vite avec des envies de vengeance. Et si vous les viviez plutôt comme des voyants sur votre tableau de bord qui vous indiquent des risques de panne. Ils sont certainement l’expression d’une perte d’intérêt. En les voyant en train de lâcher vous devez plutôt comprendre : « finis-en avec ce sujet », « passe à autre chose », « parle-moi de moi s’il te plaît ? », « réveille-toi toi-même ! ».
Cette lassitude se combat par la rupture, le changement de rythme ou l’animation de la prosodie. Evitez les argumentaires qui coulent de source, tellement logiques qu’on en devine la suite. Surprenez-les ! Le besoin de rupture doit s’appliquer à la structure de votre discours, amusez-vous avec la chronologie par exemple.
Branchez-vous sur les atchoums
Les Atchoums : ils arrivent en retard, se déplacent pendant le speech, parlent avec leur voisin. Ils jouent avec leur smartphone, répondent à leurs mails. Ils perturbent la salle avec leurs maladresses. Ils font inexorablement cliqueter leur stylo jusqu’à vous rendre fou. Bref, ils représentent un bruit sonore ou visuel qui vous déconcentre, voire vous agace. Encore une fois la solution se niche dans votre comportement. Si les Dormeurs sont les symptômes de votre monochromie, les Atchoums sont la signature du type de connexion que vous avez établi avec la salle.
Vous plaignez-vous de ce genre de comportements peu civiques lorsque vous recevez les mêmes individus en tête à tête dans votre bureau ? Et si c’est le cas parfois, vous n’avez certainement besoin de personne pour savoir comment les gérer. Dans votre bureau vous êtes en communication avec votre interlocuteur, il sait qu’il a un rôle à jouer, que c’est un échange. Il fait sa part de boulot en hochant de la tête, en vous regardant, en vous demandant s’il peut prendre cet appel extrêmement urgent. Alors pour quelle raison devient-il un goujat pendant vos présentations ?
Vous n’êtes plus en communication avec lui, vous ne parlez plus avec lui, vous parlez devant lui. Voilà la différence vous êtes dans un exercice de représentation, celui des comédiens qui appellent cette séparation invisible entre eux et les spectateurs le quatrième mur. Si vous voulez communiquer avec votre audience, et du coup exiger d’elle des comportements appropriés et respectueux, vous devrez faire tomber ce mur. Eclairez la salle autant que la scène, regardez les individuellement et longtemps. Réagissez à leurs grimaces, à leurs mouvements. Montrez leur que vous êtes branchés sur eux, cela réduira fortement les attitudes de spectateurs pourris gâtés.
Utilisez les profs
Les Profs : Ils savent ! Ils connaissent ! Ils maîtrisent ! Surtout, c’est fou comme ils sont désagréables… Ils vous mettent en difficulté, vous les redoutez pour leur capacité à vous discréditer. Ils amplifient un syndrome déjà bien présent et dévastateur celui de l’imposture. Syndrome absolument terrible pour votre force de conviction : « ils vont s’apercevoir que je ne suis pas véritablement légitime ! ».
Que cherchent-ils réellement ? Bien souvent ils veulent tout simplement exister, briller pour certains. Ils veulent leur quart d’heure de gloire. Ne les subissez pas, utilisez les. Lorsque vous les aurez identifiés, organisez leur prise de parole en leur laissant tout simplement l’opportunité de porter telle ou telle partie de votre discours. Si vous les découvrez sur le vif, ne les interrompez pas lors de leur première intervention, et surtout revenez les chercher pour mieux gérer leur temps de parole. Si vous sentez que cela dépasse l’admissible, avant de vous en mêler laissez un membre de l’audience le réguler, entre « nains » ça se passe toujours mieux.
Ventilez les grincheux
Les Grincheux : enfin voici les ogres du speech ! Les dynamiteurs de réunions, les profanateurs de votre superbe. Ils vous apostrophent, vous bousculent ou vous boudent. Ils sont là parce qu’ils étaient contraints ou bien ils ont accepté votre invitation pour pouvoir dire tout ce qu’ils ont sur le cœur, vous le dire directement ou à ce que vous représentez.
Nous sommes concrètement dans un cas règlement de conflit. La tentation est très grande de profiter de votre position de maître de cérémonie pour vous faire justice : sachez résister ! N’oubliez jamais que, même si il est très différent des autres, il reste membre de la communauté des nains ; en cas de conflit ouvert, ceux-ci se solidariseront : attention à l’effet de meute !
Comme dans n’importe quel cas de règlement de conflit le premier réflexe à avoir est l’écoute. Ne l’empêchez pas de s’exprimer, laissez le aller jusqu’au bout de sa diatribe. Montrez lui respect, ouverture et compréhension. Posez-lui des questions pour exprimer votre volonté de bien saisir sa problématique. Une fois que vous aurez fait preuve de votre disponibilité, reprenez la main en décrivant des faits indiscutables, exprimez vous-même votre sentiment et relancez sur une projection.
Mais surtout, surtout ! Surtout ne restez pas en dialogue avec lui. Il cherche l’exclusive, il veut vous prendre entre quatre yeux. Dès l’expression des faits, redistribuez votre regard vos déplacements et vos gestes vers d’autres personnes, ne lui retendez pas la perche.
Un grincheux ça se ventile comme disent les négociateurs du GIGN. Il faut, par l’écoute de compréhension, vider la charge émotionnelle pour obtenir une chance d’avoir accès à sa raison.
Et Blanche Neige la dedans ?
Blanche Neige c’est vous. Pour vous assurer de ne pas croquer la pomme et de rester branché sur eux, tout en étant le plus agile possible vous devez :
Ne pas dialoguer avec certains, mais parler avec chacun. Ce n’est pas l’exercice pour régler des problèmes personnels, si cela ne concerne pas le groupe on en parle hors du groupe.
Ne vous précipitez pas. Prenez votre temps, marquez des silences, analysez, profilez et vous trouverez en vous les ressources pour manager au mieux ces échanges et vos objectifs.
Lors d’une séance de questions-réponses, ne posez pas à votre auditoire des questions qui commencent par « pourquoi » mais plutôt par « comment » ; cela pourra vous permettre d’amener votre interlocuteur à assouplir son point de vue. Le comment permet de mesurer le niveau de maîtrise du sujet par la personne, de la sortir de sa zone de confort ; il force au passage de la théorie à la pratique, à décrire une pensée complexe de façon détaillée et ainsi à réévaluer ses connaissances à la lumière de ses explications.
Ne vous justifiez pas mais argumentez ! Ce n’est pas un interrogatoire de police, vous ne devez pas répondre aux questions, mais les traiter pour que vos réponses embrassent un maximum de « nains » et servent votre message principal. Et c’est ainsi que votre objectif et leurs attentes se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.
Crédit photo : Michel Filion