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Philibert au tableau !

 

Sentez-vous déjà le frisson saisir les fibres de la chaire de votre chaire à l’idée de se retrouver debout sans note, sans anti-sèche face aux examinateurs du grand oral ? Et même si votre enfant ne s’épanche pas sur son appréhension, « tkt maman ça passe crème 😉 ! », dites-vous qu’il y a 3 chances sur 4 qu’il soit glossophobe (peur de la prise de parole en public).

Vous-même, ne commencez-vous pas à être gagné par cette fièvre que certains nomment le trac à la pensée qu’il échoue ou qu’elle s’égratigne l’âme ?

 

Alors comment le préparer au mieux à ce drôle d’exercice qu’est le grand oral?

Vous vous dites peut-être que le point d’étape que vous présentez régulièrement en salle Bornéo à votre manager vous donne quelques clés pour comprendre les ressorts « psycho-stratégico-émotiono-corporels » de la prise de parole en public.

Attention à ne pas oublier le temps et les multiples expériences cumulées qu’il a fallu pour en arriver à cette sensation d’habituation.

Vous pensez que cette victoire de longue lutte sur votre trac vous autorise légitimement à conseiller votre « mini moi » sur ce qu’il est bon de faire et surtout sur ce qu’il faut absolument proscrire.

Oui mais vous doutez. En effet, vous n’avez pas la même maturité. Vous n’avez pas la même personnalité. Saurez-vous trouver les mots ? Vos conseils seront-ils adaptés ?

Je vous propose dans cet article d’adjoindre à votre expérience, à vos sensations et surtout à votre connaissance fine du candidat les conseils et les éléments de compréhension du professionnel.

Premièrement quelle est cette épreuve orale ?

Un moyen de juger de la qualité de l’expression de votre enfant, c’est-à-dire de sa présence physique et vocale mais également de sa capacité à structurer à l’oral une pensée et surtout à interagir sereinement avec son auditoire.

D’abord la structure :

20 minutes de préparation pour 5 minutes d’expression !

Oubliez les structures classiques ce n’est pas de la grande cuisine mais du fastfood, pensez burger 🍔 !

Cette structure par empilement (tout comme le sandwich) va lui éviter les nœuds au cerveau durant la préparation mais également les pertes de fil à l’oral.

A la question que lui posera le jury portant sur l’un des enseignements de spécialités, la réponse doit, sur son brouillon, se traduire par un unique message principal sous la forme d’une phrase (un sujet, un verbe et un complément).

Si cette phrase est trop longue c’est que votre adolescent n’a pas encore trouvé son angle de discours.

Apprenez-lui à faire le deuil de la quantité pour tout miser sur la cohérence et la fluidité. Réduire, synthétiser, épurer voilà l’effort à fournir !

Le message, maintenant condensé, devra être étayé par 3 arguments les plus forts.

Exemple :

« Le voyage est une source d’enrichissement personnel » (réponse principale)

à condition qu’il soit (3 arguments qui articulent la démonstration)

      • 1 / écologique
      • 2 / démocratique
      • 3 / authentique

Le voilà presque prêt !

En effet ce condensé extrême de sa pensée va devenir le pain de son burger, c’est-à-dire qu’il introduira par ça et qu’il conclura également par cette même affirmation.

Un peu sec comme burger me direz-vous !

Eh bien remplissons le. Mais avec quoi ?

il n’a que très peu de temps de préparation. Pas de panique.

Le ketchup est son premier argument (« écologique ») qu’il développera avec quelques faits, chiffres ou autres exemples, le steak sera le deuxième  (« démocratique ») qu’il étoffera à sa convenance et enfin le fromage, pas trop coulant, donnera au troisième argument (« authentique ») le rôle de variable d’ajustement afin de respecter le temps.

Pour finir proprement et donner cette impression de discours abouti, il refermera son burger en répétant une dernière fois son message principal.

Exemple : 

« vous l’avez compris, le voyage est une source magnifique d’enrichissement dès lors qu’il respecte l’environnement, qu’il s’adresse au plus grand nombre et qu’il vous propose des rencontres authentiques. »

La cerise sur le burger ! 🍒

Commencer fort, est l’assurance de capter l’attention de tout le monde et d’installer un filtre positif pour toute l’intervention.

 

Il doit oublier les « je vais vous parler de… » ou « à la question… je répondrai en trois étapes… »

Après avoir salué et respecté les usages, un silence s’impose pour ne pas mélanger le brouhaha de la civilité avec l’ouverture de son intervention.

C’est à ce moment précis qu’il s’agit de frapper fort tel les 3 coups au théâtre.

Nous pouvons alors faire claquer une citation d’un auteur, ou un chiffre impressionnant ou encore un mini story telling ou une anecdote.
Ne craignez pas de romancer légèrement la vérité pour que votre histoire joue pleinement son rôle de focalisation,

Exemple :

Alphonse de Lamartine disait : « Il n’y a pas d’homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé, et qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie. » (son accroche)

«En effet de tout temps le voyage a bénéficié d’un regard positif parce qu’il est une source d’enrichissement personnel » (réponse principale)

à condition qu’il soit (3 arguments qui articulent la démonstration)

      • 1/ écologique
      • 2/ démocratique
      • 3/ authentique

Le burger est monté, maintenant encore faut-il être capable de le délivrer.

Pour cela votre enfant devra travailler sur 2 plans :

  1.  la maîtrise de ses émotions et de son énergie
  2.  la clarté et la précision de sa présence physique et vocale.

Les émotions sont là comme leur nom l’indique pour nous mettre en mouvement. Rester statique est certainement la pire réponse au trac. Toute position ou ancrage qui fixerait votre enfant le mettrait dans un inconfort physique et émotionnel qui pourrait à terme avoir raison de sa lucidité.

 

Alors comment bouger et quoi bouger ?

Déjà avant d’entrer dans la salle, tout comme un champion dans les vestiaires, proposez-lui de sautiller sur place tout en relâchant bien les bras afin d’évacuer le surplus d’influx. Si le stress est déjà palpable les jours précédents alors il faudra peut-être ajouter au programme des révisions de l’entraînement physique (course, vélo ou nage). N’oubliez pas que l’oralité est avant une discipline physique et sensorielle avant d’être intellectuelle.

Maintenant comment, sous le regard des examinateurs, continuer à bien gérer l’énergie. Bien entendu je déconseille à votre descendance de continuer à sautiller ou même à faire les cent pas, d’avoir la bougeotte. Néanmoins il devra poursuivre à extérioriser son énergie. Alors faisons d’une pierre 2 coups !

Il doit mentalement se mettre dans l’état d’esprit d’expliquer, d’apprendre quelque chose à ses professeurs (oui oui c’est faisable). Parler avec le jury et non parler devant le jury. Cela devrait réenclencher sa gestuelle explicative, vous savez celle que tout le monde utilise pour expliquer un itinéraire par exemple. Des gestes hauts, précis et surtout pour l’autre. Cette gestuelle saura rythmer sa prise de parole, communiquer un sentiment d’aisance et de générosité. Priorisez sa main forte, elle donnera un sentiment d’agilité et donc de confiance à votre enfant.

Il peut se déplacer soit dans son discours (en passant d’un argument à l’autre par exemple) soit d’un juré à l’autre. Un pas à chaque fois est bien suffisant pour maintenir le mouvement.

utiliser la voix

Montez le son ! La voix est le troisième gros poste de consommation d’énergie après le geste et les déplacements.
Sans crier le volume doit nettement se hisser au niveau de l’enjeu. Pour l’entrainement faites vous plaisir et enfermez le dans sa chambre et demandez-lui de vous parler porte close. Il doit par cet exercice s’habituer à sortir de lui-même à s’extérioriser à s’extravertir, à parler large sans hurler. Maintenant qu’il a la puissance il doit régler la netteté. La première attente du jury est la facilité d’accès au message. Pour parler clair, il doit ralentir pour bien dessiner les sons qui constituent les mots qui portent son discours. En guise d’entrainement dites lui de vous parler comme si vous ne compreniez pas tout, que vous aviez besoin de lire sur les lèvres.

Une préparation éclair, un discours solide et un comportement clair et présent …  il ne manque plus que de « ne rien lâcher » pendant le jeu de questions réponses.

Pour ce faire 3 règles incontournables :

 

1- prendre son temps. Ce n’est pas question pour un champion. Il n’y a pas de bonus à être le premier à buzzer !

Ce temps lui permettra de réfléchir, tout comme à l’écrit. De montrer de l’intérêt pour la question. Si jamais la question le déstabilise, ce n’est pas qu’il n’a pas de réponse mais tout simplement qu’il a besoin qu’on l’énonce différemment. Donc avant de bredouiller une réponse proposez lui de faire reformuler : « c’est-à-dire ? » ou encore « qu’est-ce que vous entendez par là ? ».

2 – bien écouter la question pour y repérer le mot pivot ou la partie de question qui permettra de reboucler sur le message principal et ne pas risquer l’impro trop casse figure.

Exemple : « – Votre thèse insinue-t-elle que nous devrions mettre fin aux sports d’hivers ? »

« – Ma thèse (mot pivot) est que /le voyage est une source d’enrichissement personnel à certaines conditions, comme l’écologie/(message principal). Alors si la station que vous choisissez s’engage dans une exploitation durable avec un respect de la faune, de la flore et des traditions locales, même les vacances au ski pourront vous enrichir par sa diversité et son dépaysement. »

3- Ce sont les deux jurés qui notent l’élève donc pas de dialogue exclusif avec le membre du jury qui pose la question. La réponse est pour tout le monde, il s’agit de maintenir le pont de communication avec l’ensemble, n’en négliger aucun.

Une dernière chose à garder uniquement pour vous

Dans cet exercice, le « devoir », la « dissertation », la « copie à rendre », c’est votre enfant.
Le message principal c’est lui, sa personnalité !


Pas la peine de tricher ou d’inventer un personnage, il suffit juste de respecter les fondamentaux de la rhétorique :

  • Docere : l’orateur doit instruire et informer son auditoire. Que votre petit champion reste explicatif.
  • Delectare : il doit lui plaire, le charmer. Qu’il démontre du respect pour les examinateurs et l’institution.
  • Movere : il doit l’émouvoir. Qu’il n’hésite pas à parler avec son cœur de ses craintes et de ses espoirs.

Pour aller plus loin :

 

Crédits photos :
Photo de Ivan Aleksic sur Unsplash
Photo de Georges Milton

Laurent Philibert

Directeur pédagogique et innovation, @Personnalité Laurent PHILIBERT maîtrise toutes les techniques indispensables pour être vu, entendu et compris. Expert de la prise de parole en public, de la gestion du débat contradictoire, de la rhétorique et de la dialectique assertive, de l’affirmation du leadership, il intervient chez Personnalité depuis 1999. C’est un spécialiste de la communication non verbale et du body language. Il est formateur de formateurs sur la méthode Personnalité du Media-Acting®     Laurent est Consultant-Formateur Expert - certifié ICPF & PSI (normes ISO et AFNOR) - et Ingénieur en formation agréé.

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