Pourquoi Valérie Pécresse a-t-elle échoué dans sa prise de parole lors de son 1er grand meeting de campagne ?
Le 13 février 2022, Valérie Pécresse fait son 1er grand meeting de campagne aux présidentielles, au Zénith devant 6000 personnes.
Tous les journalistes et commentateurs s’accordent de manière unanime, pour dire que cette prise de parole n’est pas un succès : la forme de sa prise de parole a desservi le fond.
Laurent Philibert (directeur de la pédagogie et de l’innovation chez Personnalité), décrypte dans cette vidéo l’allocution de Valérie Pécresse.
Dans une prise de parole en public, il faut considérer plusieurs aspects.
La scénographie, la forme de la communication et bien évidemment le fond du message.
La scène du Zénith est très harmonieuse, lumineuse et symbolique : drapeau français en arrière-plan, et 2 drapeaux (européen et français), à côté de Valérie Pécresse.
Mais, certains éléments ne valorisent pas le leadership de la candidate.
Le mouvement des toiles, qui symbolisent le drapeau français en arrière-plan, ramène Valérie Pécresse au pied du drapeau français. Le pupitre de la candidate est étroit, perdu sur la scène, Valérie Pécresse parait petite et écrasée.
Donner un mouvement qui la porte, et la mette sur un piédestal aurait probablement été plus judicieux. Un pupitre plus majestueux, plus grand aurait permis de valoriser son rôle de candidate à la présidence, son rôle de leader avec une dimension plus forte.
Tous les détails de la scénographie ont leur importance. Il faut porter une attention particulière à l’image projetée de l’orateur. Il doit être mis en valeur, porté par un mouvement élévateur, entouré d’éléments qui renforcent son pouvoir, son aura, sa présence.
La forme de la communication.
Valérie Pécresse a sans aucun doute été préparée par un comédien : sa gestuelle est active, son regard s’adresse à l’ensemble de son auditoire (à 180°). Son discours est projeté sur des prompteurs (plexiglass et écrans), ce qui évite les trous de mémoires et les incohérences.
Mais il faut tout de même souligner, que certains gestes ne sont pas adaptés ou appropriés dans le discours de Valérie Pécresse : trop exagérés, ou déclenchés de manière automatique. Le manque de naturel et d’authenticité est criant, tant ce discours est mécanique. Son regard passe de gauche au centre puis à droite et inversement ! On sent un effet très séquencé et orchestré, ce qui décrédibilise le fond.
L’intonation de la voix est trop travaillée et manque clairement de naturel : c’est surjoué, certaines intonations sont grandiloquentes, voire théâtrales.
La prise de parole de Valérie Pécresse sonne faux, car la gestuelle et l’élocution sont trop marqués techniquement, et ne sont pas suffisamment incarnés par la candidate.
Au niveau du fond, Valérie Pécresse a fait un discours par concaténation (une idée enchaine l’autre), et a utilisé des figures de rhétoriques pour renforcer ses propos, leur donner plus d’impacts et appuyer ses idées.
Elle utilise des effets de contrastes (par exemple la France des cathédrales, la France des satellites), des effets de répétition pour renforcer des idées (Le mot « France » est très largement utilisé), des rimes, des métaphores (« Marianne n’est pas une femme voilée »).
Mais force est de constater, que la forme a pris le dessus du fond, et qu’il reste dans les mémoires une image négative de cette prise de parole en public.
La prise de parole en public se travaille mais elle ne doit jamais, occulter la personnalité de l’orateur, qui doit rester authentique, naturel et vivre son discours avec son énergie intérieure. Trop de mécanismes rendent l’allocution difficile à entendre et à comprendre.
Le message émis devient inaudible, et l’image résiduelle est celle d’un échec !
Pour aller plus loin :
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