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Sincèrement, quand on vous parle d’un grand communicant qui voyez-vous ? que fait-il ? quels talents déploie-t-il ?

 

 

Une force de conviction, une aisance, une voix solide, une gestuelle vivante et des formules bien choisies ?

Peut-être imaginez-vous une audience béate et captivée ? un public qui depuis la pénombre de son siège s’esclaffe des facéties du super causeur qui leur fait face ?

Cet imaginaire rayonnant fait malheureusement beaucoup d’ombre aux recoins moins glorieux de la communication. Moins glorieux peut-être, mais tellement nécessaires. Je dirais même indispensables pour se retrouver un jour en tête de file, en position de leader, comme figure de proue d’un mouvement ou d’un groupe humain.

Cette sous-partie du grand ensemble des compétences en communication, naturellement plus discrète est la capacité à recevoir, à écouter et donc savoir se taire.

Vouloir ce vide, viser ce vertige, apprivoiser ce silence dont le simple spectre nous enjoint au remplissage et à l’expression coûte que coûte.

Les purs produits de l’éducation nationale que nous sommes, de cette éducation qui canonise le remplissage, sont incapables d’assumer le vide nécessaire à la réflexion et à la réception.

Avoir toujours quelque chose à dire, à répondre ou à suggérer. Quel drame !

Un drame pour celui qui doit se soumettre à cette injonction du bavardage ou du bruit. Une charge souvent impossible à tenir et qui au mieux génère la frustration d’avoir été laborieux et hésitant.

La position basse dans un échange, quand elle est désirée, est celle du stratège et de l’empathique.

Tout le monde pense écouter, mais qui est véritablement en mesure de prouver son écoute ?

 

De nombreux psychologues américains se sont penchés sur nos échanges interpersonnels et sur les compétences à travailler afin d’améliorer, pacifier nos interactions sociales.

L’assertivité d’Andrew Salter, la pyramide de nos moteurs de d’Abraham Maslow, la communication non-violente de Marshall Rosenberg sans oublier la congruence et la compréhension empathique du grand Carl Rogers ont véritablement révolutionné notre approche communicationnelle.

J’aimerais mettre en lumière dans cet article l’apport de l’un de leur éminent collègue de l’université de Chicago le psychologue Elias Porter qui, dans les années 60 a eu le génie de définir les 6 attitudes d’écoute, celles que nous utilisons lorsque nous cherchons à tendre une oreille attentive.

 

 

Les 6 attitudes d’écoute d’Elias PORTER

L’attitude d’enquête

Celle qui consiste à ne concevoir son rôle de récepteur que comme celui du bon intervieweur. Poser les bonnes questions, demander des explications avec des « pourquoi », proposer des dilemmes pour aider le locuteur « thé ou café », couper la parole quand un mot intéressant à nos yeux vient d’être prononcé.

Bien entendu cette attitude peut-être plus ou moins sympathique mais le risque principal est de n’obtenir que ce que l’on cherche, et pour le « questionné » se sentir sérieusement guidé, manipulé ou subordonné.

Moralité économisez vos questions et laissez votre interlocuteur aller jusqu’au bout de sa réponse.

 

L’attitude d’évaluation

Celle qui consiste à donner une note aux propos échangés. Il est évident que les évaluations négatives ne vont pas aider votre partenaire de discussion à se lâcher et à poursuivre. Cette sensation de ne pas pouvoir développer se traduira rapidement par un manque de considération.

Mais la partie la plus dangereuse de cette attitude est étonnamment l’évaluation positive. Quelle est cette bizarrerie ? en effet la négative nous la savons délicate et c’est pourquoi nous tentons de ne l’utiliser qu’en cas d’urgence. Tandis que la positive sort comme un postillon puisqu’elle fait partie, dans notre imaginaire, des attitudes positives et constructives. Le danger de cette attitude est presque la même que la négative, elle consiste à dévoiler notre propre grille de valeur.

Pensez-vous que face à quelqu’un qui vient de trouver absolument génial votre amour des balades en forêt et de la nature en général, vous allez pouvoir lui préciser maintenant que vous y allez avec un fusil pour chasser le gibier ?

L’attitude d’interprétation

Celle qui consiste à vouloir aller un peu plus vite que la musique en tirant des conclusions hâtives des propos de son interlocuteur. Jamais vraiment acceptée, toujours perçue comme une transgression, cette attitude d’interprétation vous fera passer soit pour un devin intrusif soit pour un sot qui ne comprend rien. Nous ne pouvons nous empêcher d’analyser ou d’imaginer mais la verbalisation de ces hypothèses trop tôt dans la conversation risque une nouvelle fois de dégrader votre qualité de récepteur.

L’attitude de comparaison

Celle qui consiste à mettre ce que vient de dire notre interlocuteur en parallèle avec une anecdote ou un fait du même ordre afin (c’est ce que nous croyons) de prouver notre capacité de compréhension. Résultat, nous parlons d’un autre sujet et nous donnons l’impression d’être très autocentré. Vous pourrez vous rendre compte, maintenant que vous êtes avertis, que quitte à comparer autant le faire avec des choses plus impressionnantes que le sujet initial. Une surenchère qui bien souvent contraint votre interlocuteur à abandonner sa confession, la trouvant un peu mièvre par rapport à votre épopée hyperbolique.

L’attitude de conseil

Celle qui consiste à ne voir la performance de votre réponse que dans le conseil, l’avis voire la décision. Lorsque votre collègue vous raconte ses déboires avec son ado êtes-vous bien sûr qu’il attende de vous un conseil sur la bonne attitude à avoir ou la bonne personne à consulter ? n’attendrait-il pas plutôt de vous de la compréhension, de l’écoute ou de l’étonnement peut-être ?

Avec ce réflexe vous risquez soit de lui conseiller quelque chose d’inadapté (lui démontrant que vous ne comprenez pas), soit de lui prodiguer un conseil qu’il suivra et ainsi de le responsabiliser (il fera ce que vous lui avez dit de faire).

 

Je sais, vous vous dites mais au bout du compte si je ne peux ni poser de question, ni évaluer, ni conseiller, ni comparer et ni interpréter à quoi sers-je ? autant me taire ! voilà une excellente décision ! se taire et laisser l’autre parler. Vous pouvez si vous le désirez tenter de faciliter l’expression de votre interlocuteur et le relancer en répétant un mot qu’il aura prononcé, l’inciter à poursuivre en régulant son débit par des hochements de tête et les onomatopées qui les accompagnent, lui prouver que vous comprenez et que vous êtes très intéressé en reformulant avec vos mots ce qu’il vient de dire tout en y restant très fidèle. Si vous décidez d’opter pour ce comportement vous avez donc choisi la 6ème attitude de Porter, l’attitude de compréhension.

 


Vous avez 2 oreilles pour une seule bouche, n’oubliez pas que vous devez écouter 2 fois plus que vous ne devez parler.

2 silences pour 1 mot, voilà le bon ratio de l’écoute.

Laurent Philibert

Directeur pédagogique et innovation, @Personnalité Laurent PHILIBERT maîtrise toutes les techniques indispensables pour être vu, entendu et compris. Expert de la prise de parole en public, de la gestion du débat contradictoire, de la rhétorique et de la dialectique assertive, de l’affirmation du leadership, il intervient chez Personnalité depuis 1999. C’est un spécialiste de la communication non verbale et du body language. Il est formateur de formateurs sur la méthode Personnalité du Media-Acting®     Laurent est Consultant-Formateur Expert - certifié ICPF & PSI (normes ISO et AFNOR) - et Ingénieur en formation agréé.

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