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Que faut-il écouter  lorsque l’on nous parle? Faut-il se limiter au sens du message, ou faut-il aller plus loin, c’est-à-dire s’intéresser à ce qui se cache derrière les mots, voir de plus près le messager. La voix, les gestes, la posture, le visage en disent long sur le message et … sur le mensonge.


Tendez l’oreille 

Bien que certains menteurs soient difficiles à démasquer par le grand public, ils le sont moins par un expert en communication interpersonnelle qui connait les signes implicites et incontournables qui trahissent tout menteur. En effet, le fait de mentir produit chez l’orateur des réactions  émotionnelles qui modifient son comportement et sa voix, les rendant, par-là, peu naturels (1). L’étude menée par Kraus, Geller, Olson et Apple le prouve (2). Les chercheurs ont montré que lorsque l’on ment, notre voix devient plus aigüe. Ainsi, pour détecter un mensonge il faut détecter le petit décalage de la voix vers l’aigu !

Regardez les yeux 

On sait que lorsqu’une personne ment, elle a souvent du mal à soutenir son regard face à son interlocuteur : le regard fuit le jugement de l’autre. Mais certains menteurs ont le talent de conserver le regard droit, au point de nous tromper. Les études scientifiques montrent que lorsque l’on ment on a tendance à cligner un peu moins des yeux pendant son mensonge, et beaucoup plus juste après. C’est en tout cas ce que révèle l’expérience menée par les professeurs Leal et Vriji (3).

Soyez attentifs aux gestes et … à leur absence

La gestuelle laisse souvent paraître des failles, dévoilant, par-là, un menteur. Les professeurs Vrij, Edward, Roberts et Bull (4) spécialistes du mensonge ont découvert que les menteurs bougent moins lorsqu’ils parlent que ceux qui disent la vérité. D’une part, pour cacher tout geste parasite pouvant les démasquer ; de l’autre, parce qu’un mensonge demande un effort mental considérable : le cerveau du menteur est occupé à inventer une histoire et à surveiller la cohérence de l’ensemble. Il est tellement concentré par le récit proposé, qu’il a du mal à s’occuper de son corps. Craignant de se faire piéger, le menteur préfère donc le bloquer pour ne plus avoir à s’en inquiéter.

Méfiez-vous des hésitations

Les hésitations dans le discours (se manifestant par des blancs de gêne ou des bruits de type « euh ») peuvent témoigner d’un mensonge, comme le montre l’expérience menée par les professeurs Vrij, Edward, Roberts et Bull (2000) auprès de 73 étudiants. Ces hésitations renvoient à la théorie de la « surcharge cognitive » qui part du principe qu’un mensonge demande un grand effort mental (5), on réfléchit à beaucoup de choses en même temps, on a donc besoin de s’arrêter pour réfléchir et cela produit une sorte de déconnexion et un comportement de panique.

Lorsqu’on parle de silence, attention toutefois à ne pas confondre (et cela peut être difficile) un silence « vide » et un silence « plein »; le silence « vide » apparaissant lorsqu’un orateur est pris au dépourvu et se trouve désarmé face à la situation; le silence « plein » correspondant à l’utilisation volontaire du silence pour (re)capter l’attention de ses interlocuteurs, pour marquer sa présence physique ou tout simplement pour respirer.

Si la voix, le regard, les gestes, (ou l’absence de gestes), peuvent être révélateurs d’un mensonge, c’est que celui-ci exige un effort cognitif considérable. Si les mots peuvent être maîtrisés, le corps est, quand à lui, plus difficile à dresser !

 

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Sources bibliographiques :

(1)   Bohler S. (2012) : « Quand vos gestes parlent pour vous », Editions Dunod.

(2)   Kraus R.M., Geller V., Olson C., Apple W. (1977) : “Pitch changes during attempted deception”, Journal of Personality and Social Psychology, 35, 345-350. https://www.researchgate.net/publication/22279679_Pitch_Changes_during_Attempted_Deception 

(3)  Leal S., Vrij A. (2008) « Blinking during and after lying », Journal of Nonverbal Behavior, 32 , 187-194 

(4)  Vrij A., Edward K., Robert K., Bull R. (2000) : “Detecting deceit via analysis of verbal and nonverbal behavior” Journal of Nonverbal Behavior, 24, 239-263. https://www.researchgate.net/publication/227048359_Detecting_Deceit_via_Analysis_of_Verbal_and_Nonverbal_Behavior

(5)  Mann S., Vrij A.,  Bull R. (2002) “Suspects, lies, and videotape : and analysis of authentic high-stake liars”, Law and Human Behavior, 26, 365-376. https://www.researchgate.net/publication/11312080_Suspects_lies_and_videotape_An_analysis_of_authentic_high-Stakes_liars

 

Crédit photo : Cottonbro

Par Wassim Mimeche

 

 

 

Anne-Laure Gras

Directrice associée @Personnalité.

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