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Je vais vous faire une confidence, en réalité je suis timide. Enfant, j’étais maladivement timide.

 

Rââh ! je me déteste ! Cette confession est d’une niaiserie confondante ! Je pense que vous l’avez déjà tous entendu mille fois.

Comédien, je n’ai pu me retenir d’y céder comme tous ces artistes qui un jour révèlent cette part de leur vérité obscure : vous savez en réalité sous cette carapace de muscles inspirés se cache un petit enfant apeuré !

Eh oui ! Avant j’étais un grand timide coincé.

Et puis les autres de répondre :

– Non ce n’est pas possible ! Je n’y crois pas !

– Mais si je vous assure !

– Ah c’est fou, c’est à peine croyable !

 

Quelle crétinerie cette histoire de l’artiste introverti ! Ce timide qui aurait vaincu ses démons pour enfin s’offrir à son public tel qu’il est, sans fioriture ni masque.

Un exploit nourrissant, par son souffle épique, le peuple de l’ombre.

Ces âmes informes et en nombre

Qui flottent dans les salles obscures

Dévots en strapontin de l’autre côté du 4ème mur

Attendant le jour de la révélation, jour où ces spectres aux fesses qui s’ankylosent

Cette plèbe cavernicole maîtresse de « l’aplause »

Finalement rebaptisée par son nouveau maître après obole : SON public.

 

Un destin, une vie, mieux … un combat !… FARIBOLES ! Et savez-vous pourquoi ?

Tout simplement parce que tout le monde est timide.

Nous luttons tous ardemment et quotidiennement contre cette contraction de soi sans en faire un drame ou un spectacle. Et pourtant nous avons tous l’impression que notre trouble personnel est spécialement prégnant, intense, voir douloureux.

Cette anomalie, nous cherchons plutôt à la dissimuler à n’importe quel prix plutôt que d’en faire étalage. Surtout bien camoufler ce grand trouble intérieur sous peine d’être considéré comme une petite chose, un adulte mal dégrossi ou un gamin pas bien fini.

Et si ce trouble, ce feu intérieur n’était autre que notre vraie nature, cet enfant que nous fûmes et que nous ensevelîmes sous des couches et des couches « d’adulteries ».

Un peu comme le réacteur en fusion de Tchernobyl noyé sous des tonnes de béton. Notre vraie nature porte un nom.  Savez-vous ce qu’il resterait si nous pouvions d’un coup effacer toute trace d’éducation, se débarrasser comme d’une fringue de notre pelure sociale ? Que resterait-il alors si on retirait toute notre culture ?

Qui a dit Franck Ribéry ? Un ange de la téléréalité non, mieux que ça quand même. Un chimpanzé, il resterait un chimpanzé !

Notre vraie nature est à mi-chemin entre le Chimpanzé bagarreur et le Bonobo baiseur. Oui nous sommes à 98,5% identique à nos grands cousins les singes. C’est énorme ! C’est surtout très éclairant !

Vous commencez certainement à mieux comprendre pourquoi nous mettons-nous dans tous nos états et de façon souvent très irrationnelle.

Vous savez, par exemple, ce moment où vous devez vous présenter lors d’un simple tour de table et que votre cœur se met alors à taper tellement fort que vous pensez qu’il va finir par quitter votre poitrine alors que vous êtes bel et bien le plus grand expert mondial du sujet.

Si vous saviez le nombre de situations confuses du quotidien que détestent les timides qui seraient si vite démystifiées par cette lecture, celle du chimpanzé dans la place, celle du chimpanzé à ma place.

L’ascenseur par exemple… quoi de plus anodin ?

Eh bien pas du tout ! L’ascenseur c’est le plus grand laboratoire de sciences humaines l’ascenseur ! C’est la Silicon Valley de l’anthropologie l’ascenseur !

Avouez que c’est étrange cet ascenseur ! Il y a un truc avec cette petite cabine. Tout le monde essaie d’adopter un comportement normal, cool, détendu alors que réellement, entre nous on sent bien qu’il y a quelque chose qui cloche. C’est là, dans nos immeubles, dans nos tours, nos parkings comme si de rien était et pourtant c’est comme une trappe vers l’enfer, un endroit plein de « kryptonite » qui nous ôte tous nos pouvoirs ! et pourtant tout le monde fait comme s’il ne ressentait rien alors qu’en vérité, il n’y a pas que les étages qui défilent.  Là on se l’avoue mais en condition, il est hors de question que cela se voit. Ce serait ridicule. Alors on sert les fesses et on prend sur soi !

Et ce n’est pas l’objet en lui-même qui est en cause mise à part pour quelques phobiques, non c’est comme une espèce de sortilège, un endroit maudit, un genre de forêt interdite, le « Mordor » quoi !

Comment vous comportez-vous quand vous êtes le premier ? Seul. Vous êtes peinard, vous prenez vos aises.  Mais dès l’entrée d’un congénère, c’est la tension.

Pour le chimpanzé Une seule question ? à qui appartient la cabine ? qui est le patron ? Tout n’est que rapport de force et tant que cette question n’est pas réglée il flottera la possibilité d’un conflit. L’un des deux doit se soumettre. C’est alors que notre reptilien prend le contrôle et se détache de la raison. Votre cerveau archaïque modifie votre posture pour émettre un signal de reddition et par la même occasion pacifier ce moment de forte proximité. Ce n’est donc pas de la timidité mais juste une distance de sécurité non respectée combinée à une impossibilité de fuir, mais pas de quoi remettre en question notre extraversion ou notre confiance.

J’entends déjà certains maugréer que l’exemple est faible et peu représentatif d’une timidité handicapante. En effet la preuve est anodine, néanmoins elle ne remet point en cause la nature de la gêne, elle en laisse un avant-goût, un abrégé.

Prenons la glossophobie, cette peur de prendre la parole en public coutumière du podium des peurs les plus rependues en occident. Notre compréhension et notre appréhension des troubles associés sont bien souvent trop égocentrées. Faut-il vraiment se remettre en cause ou douter à ce point de soi ?

Que ferait un chimpanzé confronté à la même situation, flanqué seul et nu face à une foule d’autres singes le braquant du regard ? Il fuirait ! le rapport de force est sans aucun conteste en sa défaveur. Il utiliserait cette énergie particulière qui l’envahit, que nous définissons comme du stress ou du trac, afin de renforcer ses capacités physiques pour ne pas être rattrapé. Cet animal profondément social aura très peu de chance d’assumer cet isolement constituant de l’exercice de prise de parole. Le « seul contre tous » nous rend vulnérable. Tout comme le singe nous avons besoin du groupe, de faire parti du groupe et non de s’en détacher et encore moins de l’affronter.

Et alors ? qu’en tirer comme leçon ?

Connais-toi toi-même ! quelles sont les capacités et les limites naturelles de ce châssis génétique sur lequel nous sommes posés ? que nous impose la culture que ne pourrait supporter notre nature ? voilà la question. La timidité n’est que cette vibration de l’âme quand la culture malmène la nature. Faut-il alors refuser de monter sur le podium ?

A quoi je répondrais par d’autres questions :

Faut-il se priver du ciel puisque nous sommes terrestres ? faut-il abandonner les abysses ? faut-il oublier les pôles ou se passer de Mars ?

Bien entendu que non à condition de s’équiper pour évoluer dans cet environnement hostile à notre nature.

Pour la prise de parole comme pour les autres activités « timidogènes » l’équipement existe. En revanche il ne dépend que de vous d’en assumer l’artifice.


Crédit photo : LuidmilaKot

Laurent Philibert

Directeur pédagogique et innovation, @Personnalité Laurent PHILIBERT maîtrise toutes les techniques indispensables pour être vu, entendu et compris. Expert de la prise de parole en public, de la gestion du débat contradictoire, de la rhétorique et de la dialectique assertive, de l’affirmation du leadership, il intervient chez Personnalité depuis 1999. C’est un spécialiste de la communication non verbale et du body language. Il est formateur de formateurs sur la méthode Personnalité du Media-Acting®     Laurent est Consultant-Formateur Expert - certifié ICPF & PSI (normes ISO et AFNOR) - et Ingénieur en formation agréé.

One Comment

  • Biscotte dit :

    Vous avez dû avoir une mère exemplaire et reçu beaucoup d’amour